4l8                          JOURNAL DE HENRI IlI.
vre ceux de Paris en tout et partout, et d'être toujours prêts de bien faire quand ils le seroient.
Ledit Ameline étoit homme d'affaires et grand né­gociateur.
Pendant ces menées, je me trouvai un jour aux jé­suites près Saint-Paul, se tenoit le conseil; et là un d'entre eux fit une ouverture pour la ville de Boulogne, qu'ils disoient leur être fort nécessaire pour faire abor­der et descendre l'armée qu'ils attendoient d'Espagne; et de fait leur fit entendre que le prevôt Vetus avoit ac­coutumé d'aller de trois mois en trois mois à Boulogne pour faire sa chevauchée, et qu'en y allant il pourroit avec cinquante bons hommes se saisir de Tune des por­tes, attendant que M. d'Aumale, qui avoit des forces près la ville, et qui seroit averti du fait, lui donnât se­cours ; et que par ce moyen ils se pourroient rendre maîtres de la ville de Boulogne, qui ne se doutoitea rien dudit prevôt Vetus : lequel avis -fut trouvé fort bon de messieurs du conseil, tellement qu'au même instant fut écrite une lettre audit prevôt, narrative de tout leur fait. Ce qu'étant par moi entendu, j'en aver­tis aussitôt Sa Majesté, qui en écrivit incontinent au sieur de Bernay, gouverneur de la ville, qui étant averti, se tint si bien préparé, qu'il reçut fort honora­blement ledit prevôt Vetus entre les deux portes, et le fit mettre prisonnier avec une bonne partie des siens. Cependant le duc d'Aumale, qui pensoit que ledit pre­vôt eût gagné l'une des portes, s'avança assez près de la ville pour soutenir ledit prevôt; mais il fut salué de coups de canon qu'on lui tira tout à travers de ses troupes : ce qui fut cause de les faire écarter; et faillit ledit d'Aumale à être prisonnier, par une embuscade
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